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vendredi 16 mars 2007

J'ai les nerfs.

Je pense pas être très nerveux comme garçon. Je pense que la dernière fois que j'ai hurlé sur quelqu'un date de plusieurs années. J'ai compris depuis longtemps déjà que la diplomatie est souvent la meilleure stratégie, tout en n'étant pas la seule : j'estime qu'il faut savoir exprimer sans concessions certaines de ses idées, sans pour autant se départir de son calme. J'ai certes parfois eu des pétages de cable et des envies de mordre les murs, mais ça ne s'est que rarement exprimé physiquement. Quelques tremblements incontrôlables tout au plus, les mâchoires crispées, mais juste de quoi contenir ma colère à l'intérieur. Je ne hurle pas, je ne crie pas, je ne frappe pas, je ne m'enfuis pas. Zen comme garçon, en règle générale.

Donc, pour que je me mette à avoir envie d'enfoncer la tête de quelqu'un dans un clavier jusqu'à ce que mort s'ensuive, il faut vraiment y aller franco avec mes terminaisons nerveuses.

Je sors de quatre heures de travaux dirigés de génétique des populations. La génétique des populations, c'est l'étude de la transmission des caractères génétiques dans les populations animales et végétales. On étudie la sélection naturelle, les comportements reproducteurs qui font que les femelles préfèrent les paons qui ont une petite queue plutôt que ceux qui en ont une grande (parce que les petites queues ont une densité d'ocelles -les yeux des plumes de paons- plus importante que les grandes), les sélections sexuelles qui font que les petits moches faibles et pas doués ne se reproduisent pas, le hasard qui intervient dans le maintien ou la disparition d'un allèle (qui est l'expression d'un gène), bref... je suis à peu près certain que personne ne pige de quoi je parle, donc je vais avancer l'histoire.

Donc j'ai eu quatre heures de génétique des pops. Le but était de lire plusieurs publications scientifiques (en anglais donc) traitant pour simplifier des comportements et caractères physiques de divers oiseaux, comme le paon, qui sont pris en compte pour la sélection du mâle par la femelle. Par exemple, plus l'oiseau chante fort plus la femelle va l'aimer. Ou plus il a de couleurs, ou plus il est brillant, ou plus il fait la roue souvent. Ces caractères voyants sont liés à des caractères qui augmentent la survie et la dominance du mâle: un paon ne peut faire la roue que si son système immunitaire est en pause, donc seulement s'il est en bonne santé. Les femelles vont donc voir les mâles qui font la roue, parce qu'ils sont plus résistants aux maladies. Mais ça les femelles ne le savent pas, bien sûr: c'est un réflexe génétique et comportemental, une tendance de l'espèce à aller vers ceux qui font la roue. Les oiseaux ne se disent pas "tiens lui il fait souvent la roue, il doit être bon au pieu et être capable de me faire de super gosses". Ils y vont, c'est tout.

Bref je m'embrouille et je parle d'autre chose que mon sujet premier. Le problème dans ce TP, c'était l'une de mes coéquipières. L'une des courges dont j'ai déjà parlé dans un précédent billet. Comme je suis trop gentil je n'ai pas dit non quand elle a voulu faire partie de notre groupe de travail. Résultat: en quatre heures, j'ai fait ma partie du travail (trois articles sur 8), l'introduction du rapport, la correction des analyses de B. (mon pote donc ça va, en plus il s'y connaît), mais surtout j'ai du refaire TOUT ce que cette naze n'a pas été foutu de faire. Elle avait DEUX articles à faire. Deux. Dos. Two. 2. Ben rien à faire, j'ai tout refait.

Cette ahurie sait qu'on doit résumer 8 articles en 2 pages Word, en répondant à des questions précises. Et ben en deux heures elle a... traduit un article. C'est tout. Et en une page et demie, alors qu'il y en avait 7 autres qui devaient aller avec. En parlant du détail des expériences, de l'écologie de la bestiole, de sa morphologie, bref, que des trucs sans aucun rapport avec les questions. Bonne poire j'ai relu ce qu'elle avait fait. Et j'ai tout effacé, j'ai lu son article, j'ai compris, j'ai rédigé sa partie en lui expliquant au fur et à mesure, bref, malgré mon état de nerfs qui devait un peu se voir déjà, j'estime avoir été plutôt gentil. Et je la laisse faire l'autre article, et je vais aider B. à finir sa partie.

Je reviens. Rebelote. 25 lignes. Dont 2 potables, il y a de l'amélioration. Et je recommence. Et elle insiste quand je refuse son "ou l'oiseau fait exprès de chanter fort pour montrer qu'il sait le faire". Je lui explique, d'abord patiemment, puis un peu plus énervé, le concept d'anthropomorphisme, que tout étudiant en écologie maîtrise depuis sa première année en moyenne: dans un travail scientifique, on ne parle pas des animaux comme s'ils raisonnaient de manière humaine, on n'utilise pas des expressions comme "il fait exprès de" ou "montrer qu'il sait le faire", qui sous-entendent une volonté, une conscience humaine derrière les actes des animaux. Non ce n'est pas du mépris pour la conscience animale, au contraire, assimiler les schémas comportementaux des animaux à ceux des humains est très arrogant: cela sous-entend que la manière d'être des animaux est une pâle copie de la parfaite manière de penser et d'agir des humains. Oui c'est français ta phrase mais n'empêche que mettre ça dans un rapport scientifique c'est comme lécher sa cuillère de nutella et la passer à son voisin pour qu'il tartine à son tour: ça ne se fait pas.

Bref, je suis calme, la voix ne tremble pas mais je crois que ça commence à se voir que j'en ai marre: mes mains tremblent, ma mâchoire se crispe. Vers la fin j'en ai ma claque, j'écris ce que je veux, je demande si B. est d'accord, fort de ma majorité je la fais taire, j'imprime et c'est marre.

Plus jamais. Plus jamaaaaaais. Heureusement que c'est pas noté tiens.

Autre anecdote sur cette courge: au premier semestre je m'étais mis dans son groupe pour un exposé sur la réintroduction du loup (erreur de jeunesse, je ne la connaissais pas). On est quatre. On bosse, on arrange nos données, chacun sa partie. La sienne: introduction et conclusion. Qu'elle a INTEGRALEMENT reprises sur un bouquin sur le loup, pas scientifique pour deux sous, et qu'elle a INTEGRALEMENT lues lors du passage à l'oral. Et quand j'ai moi-même dépassé mon temps oral de quelques minutes, elle a râlé et aurait bien voulu que je la laisse faire un bout de ma partie pour équilibrer. Alors qu'elle n'avait rien foutu, et que je m'étais fait des cheveux sur ce rapport. Bah bien sur, j'ai bossé pendant que tu glandais et tu veux en profiter?

Enfin, vengeance mesquine, la note de ce rapport m'a valu une meilleure note qu'à elle. C'est déjà ça.

La vache que ça fait du bien d'être médisant.

A part ça, ce soir, je vais au Carré à Nancy... Enfin une virée loin de la Cathédrale.

Et à part ça, MSN ne veut pas s'afficher et ça m'éneeeeeeerve...