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vendredi 8 juin 2007

Dialogue téléphonique

*sonnerie de téléphone*
- Mgn... mmmâllo?
- Théo?
- Angèle?
- Salut.
- Euh... salut. Il est quelle heure?
- Cinq heures.
- Du matin?
- Oui.
- Ah ok, donc en fait tu as décidé de m'achever.
- Désolée d'appeler si tôt.
- C'est pas grave. Qu'est-ce qui se passe?
- J'ai pas mal réfléchi tu sais...
- Ah?
- Je voulais te parler...
- Ah.
- Euh... comment ça va?
- Hum... je viens de me faire réveiller à cinq heures du matin par mon ex qui me demande comment je vais... On va dire que ça pourrait être pire, ça aurait pu être dimanche.
- ...
- Oui je sais, on EST dimanche, je tentais une pointe de cynisme. Désolé, quand j'ai pas mes quatorze heures de sommeil je suis irritable...
- ...
- ...bref, c'est toi qui voulais me parler... Je t'écoute. N'hésite pas à me crier dessus si tu penses que je me suis rendormi.
- J'ai pas mal réfléchi à nous deux... Enfin, j'ai repensé à ce qu'on avait vécu, à ce qu'il y avait entre nous... Ca me hante la nuit, j'arrête pas d'y penser.
- Penser à quoi?
- Au fait que ça se soit terminé. Je trouve ça dommage en fait... On était bien tous les deux non?
- ...tu m'appelles à cinq heures du mat pour me parler de notre couple?
- Et alors? Il faut une horaire précise?
- Une heure où l'autre est à peu près frais me semble plus adaptée, mais bon... Maintenant que je suis totalement réveillé, parlons-en, si tu veux.
- D'accord.
- ...
- ...
- ...euh, Angèle, c'est TOI qui m'a appelé, c'est TOI qui parle.
- J'ai dit ce que j'avais à dire.
- Ouais, comme d'hab quoi. Tu me sors deux phrases, et c'est à moi de me débrouiller pour en trouver le sens précis et comprendre immédiatement tout ce que tu veux, ressens, penses et espères.
- ...écoute si c'est comme ça que tu le prends...
- Ok, excuse-moi... Je pensais juste que si tu m'appelais à cette heure c'était pour me dire quelque chose de particulier, un truc énorme qui vient de te frapper, je sais pas...
- Je ne vois pas comment être plus claire. J'arrête pas de penser à nous et je trouve qu'on a perdu quelque chose. Tu n'es pas d'accord?
- Puis-je te rappeler que c'est TOI qui a décidé de rompre?
- Tu n'étais pas contre.
- Comme si j'avais le choix. Je te signale que ça faisait deux semaines que tu m'embrassais du bout des lèvres, que tu répondais des "moi aussi" vagues quand je te disais que je t'aimais et que quand on faisait l'amour, tu avais plus d'intérêt pour les fissures du plafond que pour moi.
- Tu n'as pas l'impression d'exagérer? Alors comme ça c'est moi la salope qui était distante et tu n'as fait que subir les immenses souffrances que je t'ai infligées? Arrête, tu vas me faire pleurer...
- "Angèle Docteur Love, ou: comment repartir sur des bases saines". Au cas où ça ne t'aurait pas marqué, c'est toi qui a décidé que tu en avais assez, que tu voulais autre chose, que je ne t'apportais pas assez, que je n'étais pas pour toi ni toi pour moi...
- Et tu étais d'accord.
- J'ai dit que j'étais d'accord, nuance. Non mais tu imagines le crampon qui secoue la tête en faisant "non non" quand sa nana lui dit ses quatre vérités? Tu voulais quoi, que je dise que je t'aimais plus que tout, que je te supplie de rester, que ce que tu disais était faux, qu'il y avait quelque chose de spécial entre nous?
- Pourquoi pas? Au moins j'aurais su combien tu tenais à moi.
- Ah parce que je ne te le disais pas assez?
- ...
- Non mais foutage de gueule, sans dec...
- Ecoute...
- Non, toi écoute. Je t'aimais, Angèle. Je crois même que je t'aime toujours. J'ai toujours cru qu'il y avait quelque chose de spécial entre nous. Mais je ne l'ai pas dit quand tu m'as quitté, parce que ça ne voulait dire qu'une chose: que ça n'existait que pour moi. Quand ça s'est dégradé entre nous, j'ai tout fait pour que ça aille mieux, je voulais que tu me parles, je venais te chercher le soir à ton travail, je nous faisais des dîners aux chandelles, je t'écrivais des histoires ou des chansons... Enfin encore plus souvent que d'habitude. Tu te souviens non?
- ...
- Je prends ça pour un oui. Malgré mes super efforts, tu es partie. Malgré mon amour pour toi, tu as décidé que je n'étais pas pour toi. Et maintenant, tu t'aperçois que je te manque? Après six mois, alors que je commence à peine à m'en sortir, à réussir à t'oublier, tu me rappelles en pleine nuit pour m'annoncer que tu as passé des nuits à cogiter et que finalement, si, je suis bien celui qu'il te faut? Je suis le seul à trouver ça un peu gros?
- Je sais que c'est nul de faire ça, mais avant cette nuit, c'était très embrouillé pour moi... Je n'arrivais pas à être sure de mes sentiments, de ce que je voulais vraiment... J'avais besoin d'un moment pour réfléchir, pour me recentrer, tu comprends?
- Et pour te recentrer il fallait forcément que tu me dises que tu ne m'aimais plus?
- Mais j'en savais rien! Je savais plus ce que je ressentais!
- Alors pourquoi me le dire?
- J'en sais rien. Peut-être pour me faire prendre conscience que c'était définitif, que je partais pour toujours. Te dire que je ne t'aimais plus pour m'en persuader, pour me convaincre que je prenais la bonne décision.
- J'ai le droit de trouver ça complètement crétin?
- Je suppose qu'il y a de quoi... Mais c'est comme ça que je fonctionne, Théo, tu le sais non? Je ne suis pas comme tout le monde...
- Tu es unique, je le sais très bien.
- Merci.
- Je ne suis pas certain que c'était un compliment, mais tu peux le prendre en tant que tel.
- ...
- ...
- Tu veux bien y penser?
- Penser à quoi?
- A... nous deux? A nous revoir, pour... euh... essayer encore?
- Tu te rends compte de ce que tu me demandes?
- Oui, je sais, c'est dégueulasse. Mais... s'il te plaît?
- ...
- A moins que tu aies quelqu'un en ce moment?
- Non. Comme si j'avais réussi à te remplacer en six mois...
- ...
- J'ai imaginé, j'ai rêvé de ce moment tu sais... Tous les soirs après ton départ, je t'imaginais revenir et me dire que tu m'aimais, que finalement tu regrettais d'être partie... Tous les soirs j'imaginais que j'ouvrais grand les bras.
- Et maintenant?
- Maintenant... J'en sais rien. C'est peut-être trop tard. Six mois ont peut-être réussi à tuer mon envie dévorante d'être avec toi.
- ...
- Mais je vais y penser.
- Merci.
- Je te rappellerai peut-être.
- Ok.
- Je... tu... euh...
- Oui?
- On la refait: tu m'as beaucoup manqué.
- Je ne sais pas ce que ça vaut dans ma bouche, mais... toi aussi. Vraiment.
- ...
- Alors... euh... je te laisse dormir?
- Tu parles, tu as foutu ma nuit en l'air. Je vais cogiter maintenant.
- Héhé.
- Sale fourbe.
- Moi aussi je t'aime.
- ...
- ...désolée... C'est venu tout seul.
- Pas grave. Bon... bonne fin de nuit alors.
- Toi aussi.
- Alors à... bientôt? Peut-être?
- J'espère. Je t'embrasse.
- Moi aussi. Bye.
- Bye.
*clic*

Comment perdre sa journée

"J'hésite... kéké, c'est supérieur ou inférieur à protozoaire?"
Charles Darwin (qui a finalement opté pour "inférieur")
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J'ai perdu ma journée aujourd'hui. Mais alors grave de chez grave.
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Si j'étais d'humeur badine, je raconterais que j'ai passé plusieurs heures à étudier le kéké dans son habitat naturel. Mais là j'ai trop mal à la tête. Alors bon, on va voir ce que je vais bien pouvoir sortir comme idioties en racontant tout ça...
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D'abord, ça commence mal, il a fallu que je me réveille à 7h. Je vous explique: j'avais rendez-vous à l'école que dirige ma mère avec le fils d'une de ses collègues/assistantes/assimilés/rien-à-foutre-de-toutes-façons. Ce jeune homme travaille dans une cafétaria et était sensé m'aider à trouver du travail au même endroit pour cet été.
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Voilà, contexte replacé, poursuivons. Je me retrouve à l'école, des enfants partout, je cherche désespérément un coin obscur dans lequel me blottir, mais en vain. Je supporte donc avec une bravoure toute mounesque le regard intrigué des gnomes qui tentent d'assimiler que leur maîtresse peut avoir un fils qui n'a pas 7 ans. Apparemment c'est dur à comprendre, étais-je aussi bête quand j'étais petit?
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Le mec arrive. Moi qui espérais un garçon normal (j'aurais même toléré un babacool-fumeur-de-géraniums-écouteur-de-reggae), odieux coup du sort, je me retrouve en face d'un kéké pure race. Pour les incultes qui nous lisent, un kéké est une sous-espèce humanoïde pourvue de tares graves et souvent irréversibles et dotée d'un intellect qu'un haricot n'envierait pas. Le moyen le plus efficace de les distinguer dans une population humaine est d'observer l'apparence physique, blindée de "Cerutti", "CK", "Nike", avec des gourmettes qui brillent, des cheveux luisants de gel et une fâcheuse tendance à avoir l'air con.
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Oui je sais, je suis vindicatif et sectaire, mais j'assume complètement. En plus c'est un kéké de Gardanne, et V. m'a délivré mon permis d'éradication en bonne et due forme, alors hein, j'ai le droit.
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Bref, ce jeune homme ne reculant devant aucun cliché ("ohlala des études supérieures c'est horrible", "tu aimes le èrènbi/aouze/teghno/râpe? Moi j'adore, tiens écoute celle-là!", "moi j'adore le tuning", "avant c'était ma copine qui passait l'aspirateur mais maintenant qu'on a rompu je le fais plus", "oah elle est trop bonne elle... euh je veux dire elle est trop charmante") m'emmène chez lui. On aurait du y être pour 9h, mais le programme a changé au dernier moment, le responsable n'est pas là, on ira vers midi et avec du bol il y sera.
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Chez lui, je passe quatre heures (montre en main) à regarder le papier peint pendant qu'il se déchaîne sur un jeu vidéo de voitures-tuning-fuck-les-keufs. Il ne me propose pas d'y jouer (j'aurais refusé de toutes façons), et pense à me proposer à boire au bout de trois heures de jeu, pendant que je fais... absolument rien d'autre qu'attendre.
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Mal de crâne persistant quand nous décollons enfin vers la cafétaria, avec son frère (le même avec un grand nez et des tongs bleu ciel). On mange à la cafétaria (ça nage dans la graisse, beeeuuurgh), le responsable n'est pas là, mon kéké vitupère en bonne et due forme sur tous ses collègues qu'il aperçoit et avec qui il est pourtant fort aimable, et enfin, ENFIN, après tant d'épreuves, il me ramène à l'école. Vu qu'on n'a pas vu le responsable, je suis sensé y retourner demain. Il est gentil, il me demande s'il veut qu'on se retrouve. Nan. Même pas en rêve, "t'inquiètes je retrouverai, je dirai que je viens de ta part". Et il se casse. Je ne compte pas y retourner. Servir des horreurs huileuses avec des kékés et des cagoles (= femelle de kéké) partout à 40 bornes de chez moi alors que j'ai des chances d'être pris à la pizzeria à 5 bornes de chez moi, merci bien.
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Je bondis donc avec le crâne en miettes sous les assauts de aouze électro de la mort qui tue dans ma Mounemobile©, où je fais pendant le trajet du retour une cure de rock intensive. Rhaaa lovely.
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Et me voilà chez moi. J'achève ce billet, et je vais faire la sieste. C'est con, ce matin j'avais de l'inspiration pour un billet spécial, mais là j'ai carrément plus envie. On verra ce soir si ça me rebranche.
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A part ça... "boyaux dedans ou boyaux dehors?" (réminiscence de Hannibal)