Statistiques

Environ 0% des lecteurs actuels de ce blog sont morts au cours des dernières secondes.

lundi 22 octobre 2007

Actualités épistolaires

"Sarkozy fait lire une lettre d'un communiste fusillé??
- Ouais, il regrette le bon vieux temps, où la chasse n'était pas encore interdite..."
Inconnu

Aujourd'hui, pour les Suédois, Suisses et autres incultes qui nous lisent, était le jour choisi par notre bien-aimé Président de la République pour faire lire dans les collèges et lycées la lettre à sa famille de Guy Môquet, jeune résistant communiste dénoncé et arrêté par la police française, puis fusillé par les Allemands. Le but est de faire ressentir l'importance du sentiment patriotique aux jeunes Français, leur faire goûter la saveur de la fierté de son pays et du courage face à la tyrannie, tout ça.

Comme quoi, on peut être un salaud de rouge et quand même avoir des qualités.

Car notre président adoré, dans sa circulaire adressée aux profs, a oublié un léger détail: l'engagement communiste du jeune homme. A l'époque, c'était quand même le seul parti politique ouvertement opposé aux Allemands (qui par ailleurs étaient ouvertement opposés au communisme, ce qui fait que l'un dans l'autre, ça s'équilibre) ET, c'est important de le préciser, dont le leader ne s'était pas barré en Angleterre pour diffuser des messages radio haineux contre nos amis les Boches. Parce que le père de Gaulle, à part rester le cul posé sur sa chaise devant son micro, hein, bon. C'est bien gentil d'exhorter à le rebellion dans un salon style Stuart à Londres. Mais ceux qui ont fait sauter les trains, c'est quand même les cocos.

Bref. A la limite, on peut admettre que le but de notre président qu'on aime plus que tout, c'était seulement de réveiller le sentiment patriotique chez le collégien moyen, de faire ressentir aux juvéniles boutonneux la puissance du vigoureux cocorico bien d'chez nous, et qu'après tout, qu'il soit rouge, vert ou violet à pois bruns, on s'en tamponne un peu le coquillard avec une demi-brique. A la limite. Genre ce qui est important, dans tout ça, c'est l'amour de son pays, la fierté d'être français, la ferveur patriotique et tout et tout.

Notre fabuleux président, après avoir précisé que la France, soit tu l'aimes, soit tu la quittes (soit tu l'aimes mais tu la quittes quand même en charter parce que ton ADN correspond pas, t'vois), semble bien déterminé à faire comprendre aux jeunes que tant qu'à faire, vaut mieux l'aimer, la France. Quand même.

Déterminé à braver héroïquement tous les dangers, notre super président n'hésite pas à déverser une larmichouille d'émotion lors de la première récitation du texte, et de généraliser sa lecture, paf, comme ça, sur un coup de tête, à l'ensemble des collèges et lycées. La lecture d'une lettre d'un communiste. Comme quoi, hein, il est quand même sacrément ouvert, notre président, après avoir récupéré Lang, Strauss-Kahn et DSK, voilà qu'il grapille chez les cocos...

Permission d'exprimer mon opinion, sir?

Permission accordée.

Le patriotisme, c'est d'la merde. Ce n'est qu'en favorisant la coopération et l'amitié entre les peuples qu'on parviendra à ne pas faire péter la planète, en signant des accords internationaux, tant au niveau écologique (réchauffement climatique, gaz à effet de serre, conservation de la biodiversité...) qu'humains (limitation puis démantèlement des armes nucléaires, interdiction des mines antipersonnels, etc...). Ce n'est pas avec une exhortation continue à la fierté patriotique, par le rugby, le foot, les souvenirs de la guerre et tout, que ça marchera.

La lettre de Guy Môquet a seulement deux intérêts, selon moi, deux éléments que les gosses peuvent prendre en exemple: la résistance contre la tyrannie (et je précise que le fait d'être français, dans le cas de la guerre 39-45 où le taux de collaborationisme français dépassait de loin le taux de résistance, joue moins que le fait d'être communiste dans l'entrée dans la résistance, parce que presque tous les rouges de l'époque étaient résistants, EUX) et le courage face à la mort, tant qu'elle est inéluctable.

Si elle ne l'est pas, mentez, dites que vous n'êtes pas communiste, pas résistant, dites un ou deux "heil Hitler", pleurez un peu, et sortez de taule. Ensuite, faites sauter les trains. Ou ne faites rien, c'est vous qui voyez. La mort ne vaut jamais le coup, même pour des idées. Surtout pour des idées.

A part ça, je m'en vais nourrir le fauve de la Poulette.