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mercredi 4 avril 2007

"Oublie-moi..." "Ok pas de problème."

Un petit moment déjà que je voulais faire ce billet... Pour ceux qui écoutent la radio (je ne fais pas de pub, mais le nom c'est le continent de nous qu'on y habite, avec le nombre de mains qu'a un être humain normal), il passe régulièrement la nouvelle chanson à la mode du dénommé Riké, l'un des chanteurs du groupe Sinsémilia, intitulée si je ne m'abuse "Oublie-moi". Histoire de recadrer, je n'ai rien contre les baba-cool à dreads qui marchent pieds nus et fument des géraniums en fustigeant la société sur leur guitare. C'est pas vraiment mon style de musique ni de paroles, mais je supporte bien (contrairement à, disons, Avril Lavigne qui me colle une migraine persistante).

D'ailleurs, je suis même allé le voir en concert, ce jeune homme. Gentil garçon, voix sympathique, souriant, bien excité sur scène (pas une bête mais quand même, du mouvement), accessible et apparemment pas du tout du style musicien arrogant qui se la joue artiste naviguant dans des sphères que le commun des mortels ne peut atteindre. Good boy. Ce n'est donc pas une haine viscérale dirigée contre les babas ou ce garçon qui peut altérer mon jugement, contrairement à Romain Duris (sans h, j'ai retenu la leçon les filles) qui de mon point de vue dépasse à peine le niveau de conscience, d'intelligence et de beauté des protozoaires les plus primitifs.

Sa chanson est donc enjouée, fort remuante, avec des paroles simples et faciles à retenir. Et il se trouve que je ne peux pas l'encadrer. Par soucis d'honnêteté, les paroles c'est ça.

Et pour ceux qui ne l'auraient même pas entendue, allez voir .

Bref, explication de texte: pourquoi cette chanson m'horripile.

Parce que je ne crois pas que faire des efforts pour s'adapter à quelqu'un qu'on aime soit une tare.

Parce que je ne pense pas qu'il existe un "moi" fixe et persistant en chacun de nous, un élément sacré et immuable qu'il ne faut surtout pas déranger.

Parce que je crois que c'est en parlant aux autres et en nous y adaptant qu'on construit "qui je suis", pas en s'enfermant dans la définition de soi qu'on se construit autour de ce qu'on pense savoir de nous.

Parce que c'est trop facile de dire "je suis comme ça, ça bougera pas, démerde toi avec ce que je te donne et si t'es pas content dégage".

Parce que selon moi, le "qui je suis", on peut le définir approximativement deux secondes avant de mourir de vieillesse, en faisant le résumé de sa vie entière.

Parce qu'avoir des idéaux c'est bien, mais refuser de les voir changer c'est être étroit d'esprit et soumis à un dogme. Les idées, ça évolue, sinon ça s'appelle des convictions.

Parce que cirer les pompes de gens plus puissants pour pouvoir aimer celle qu'on veut, c'est une forme de liberté bien plus importante que tout envoyer bouler pour se déclarer libre et sans attache. C'est le choix de savoir faire des sacrifices au nom d'un amour. Je commence vraiment à ressembler à Benjamen Malaussène, avec mon culte de l'amour, moi...

Parce qu'accepter d'être bousculé et changé par les autres c'est une leçon d'humilité, et qu'apprendre qu'il faut s'adapter pour survivre et qu'on ne fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie, c'est la sélection naturelle. Ceux qui ne changent pas disparaissent.

Parce que je trouve arrogant de penser que "ce que je suis" est plus important qu'une histoire avec une personne qui s'intéresse à moi. Un couple, c'est des compromis, refuser à tout prix de changer c'est condamner son histoire.

Une belle conviction dans les propos, un bon rythme, une musique joyeuse... qui donnent envie de rugir "oublie-moi" aux misérables mécréants qui espèrent un quelconque effort de notre part, en mettant en péril notre précieux et immobile "qui je suis".

Peut-être aussi que je me prends la tête pour rien, et que comme dit A., une pote de ma frangine (mais elle est fan de Romain Duris et déteste Kirsten Dunst donc je sais pas trop si on peut lui faire confiance), "c'est pas du tout le personnage de penser comme ça". Peut-être pas. Peut-être que ce gentil garçon de Riké a parfaitement conscience que ce n'est pas bien d'être trop obnubilé par sa liberté et qu'il faut savoir faire des efforts et des sacrifices. Mais tout le monde n'a pas une intelligence suffisante pour penser comme ça. Ce genre de chanson peut donner de mauvaises idées aux nénettes hystériques qui se trémoussent en beuglant le refrain...

"Ma chérie, tu pourrais arrêter de coller tes pieds gelés contre les miens pendant nos phases de sommeil réparateur que nous effectuons dans le même lit?"
"Nan, et si ça te plaît pas oublie-moi!"
Je caricature, certes. Mais quand même...

A part ça, "Si l'amour tel que tu l'attends Ne se conjugue pas à plein temps" c'est la seule partie du texte à laquelle j'adhère sans réserve.