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jeudi 17 mai 2007

Réchauffement climatique: ce qu'il faut savoir

"Le réchauffement climatique est au port du bikini ce que l'alcool est aux moches : ça aide."
Pedro Almodovar
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J'en parle depuis le tout début de ce blog comme d'une catastrophe de folie du chaos de la mort, mais sans jamais expliquer pourquoi. Alors ce coup-ci, c'est décidé: je me fends d'un article sur le réchauffement climatique pas piqué des vertes et des pas mûres, histoire de rabattre leur caquet une bonne fois pour toutes aux sceptiques et aux ahuris qui croient que c'est un processus naturel.
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Le réchauffement climatique fait d'abord courir un grand risque à la biodiversité de notre planète. La hausse des température va détruire certains habitats d'espèces qui ne peuvent supporter qu'une certaine gamme de températures (espèces sténothermes), et va considérablement modifier le milieu : la fonte de la calotte glaciaire arctique, par exemple, met gravement en danger des espèces comme l'ours blanc, dont on considère que la phase critique d'extinction démarrera en 2012.
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D'abord, précisons les choses: oui, un réchauffement climatique est, tout comme une phase de glaciation, quelque chose de naturel qui est déjà arrivé bien des fois et arrivera encore pas mal de fois à notre planète. Tout cela dépend d'un tas de données astrophysiques de distance au soleil, de cycles réguliers, tout ça, enfin des trucs que je ne maîtrise pas du tout. Mais les grandes perturbations de températures qui ont foutu le bordel sur la planète, ça a existé, c'est naturel.
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De même, notre planète a déjà connu cinq crises au niveau de la biodiversité, qui ont considérablement réduit le nombre d'espèces animales et végétales à la surface de la planète. La cause n'a pas toujours été une modification du climat, selon certains scientifiques: la théorie dont on nous parlait quand on était petits à propos de la météorite géante qui a percuté la Terre et a entraîné la disparition des dinosaures semble prête à être validée.
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Bref, le réchauffement climatique et l'érosion de la biodiversité sont des processus naturels. Le truc c'est que ces événements laissaient largement le temps aux espèces qui ne supportaient qu'une marge de température réduite de s'adapter aux modifications de leur habitat. Et les plus fortes s'adaptaient toujours et survivaient, c'est la sélection naturelle.
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Alors on se demandera, que fait-on d'autre que faire nous-même la sélection naturelle? C'est l'homme qui modifie son environnement, les autres espèces n'ont qu'à s'adapter ou disparaître: nous ne sommes qu'un vecteur de la sélection naturelle. Outre le débat sur le droit de l'humanité à décider du destin des autres espèces, il y a un autre problème. La sélection naturelle se fait, au mieux, en quelques milliers d'années. Or le réchauffement climatique actuel se fait à une vitesse totalement inconnue des écosystèmes terrestres. Voyons le graphique suivant:

La zone orange foncé est la mesure des températures faites par carottes de sols. La zone orange clair, ce sont les températures mesurées actuellement. La zone verte, les différents modèles mathématiques, plus ou moins pessimistes, qui évaluent la hausse future des températures si on continue comme ça.
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Comme je l'ai dit, la hausse des températures modifie considérablement les habitats, et la rapidité du phénomène ne laisse pas le temps aux espèces de s'y adapter. D'où disparitions en chaînes ces dernières années d'espèces dont le maintien reposait sur une courbe de température à peu près stable ou sur un habitat non modifié. Un petit exemple qui vous dira peut-être quelque chose: la grande barrière de corail, un écosystème marin immense et d'une richesse floro-faunistique incomparable. Le petit point blanc vers le milieu à droite, c'est un hélicoptère, histoire que vous visualisiez l'échelle.

La plupart des coraux n'apprécient pas du tout les variations de température. Ils ont alors tendance à blanchir, puis à mourir. On considère que 95% de la Grande Barrière de Corail sera détruite dans les 50 ans à venir.




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Parlons à présent de la hausse du niveau des mers. Souvent prise pour une vaste blague, cet événement sera pourtant responsable de grandes pertes humaines et matérielles. L'idée reçue est que la fonte des glaciers flottants, des icebergs, va faire monter la mer. Or, si l'ensemble des icebergs fondaient (ce qui serait un rude coup parce qu'on risque d'avoir besoin d'énormément d'eau douce d'ici peu de temps, vu notre rythme de croissance), ça ne ferait, au mieux, qu'élever le niveau de la mer d'un ou deux millimètres. Le problème c'est que les glaciers qui sont menacés, ce sont ceux qui sont sur la terre ferme, au Groenland par exemple. Eux peuvent hausser le niveau des océans de plusieurs dizaines de centimètres, ce qui réduira entre autres les territoires du Bangladesh (11% des terres émergées!), de la Floride et des Pays-Bas, situés sous le niveau de la mer.
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Le réchauffement climatique a également une autre influence, plus difficile à cerner: il met gravement en danger l'effet de serre de la planète. Les GES (Gaz à Effet de Serre) sont des gaz qui absorbent les rayonnements solaires et augmentent le pouvoir réchauffant de ces rayons. Sans ces gaz, la température moyenne de la Terre tournerait autour de -18°C (15°C de moyenne en réalité). Ils sont composés, entre autres, de vapeur d'eau, de dioxyde de carbone (CO2), de méthane (CH4) et d'ozone (O3). Ces gaz peuvent être relâchés de manière naturelle mais ponctuelles, comme lors des éruptions volcaniques, ou artificielle, par l'industrie et les transports humains. Une part respectable des dégagements de méthane provient également de la digestion des ruminants (gaz intestinaux).
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C'est de méthane que nous allons parler. Enormément de méthane est contenu dans le permafrost, le sol qui reste toujours gelé aux pôles. La hausse des températures fera fondre les glaces qui retiennent ces gaz, ce qui libèrera une quantité phénoménale de CH4, qui s'éparpillera alors dans l'atmosphère et augmentera encore l'effet de serre.
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Tout ça ressemble à un scénario catastrophe, pas vrai? Et pourtant, ce n'est pas un film: c'est la réalité.

Voilà ce qu'il en est.
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Alors, il y en a encore qui prennent les écolos pour de dangereux fanatiques rêveurs qui fument des géraniums et ne pensent qu'aux oiseaux et aux petites fleurs? Qui sont les rêveurs, maintenant? Qui ne veut pas voir la réalité en face? Qui se voile le museau? Qui est égoïste et dangereux, maintenant? Qui se persuade que ce qu'il a en face de lui n'existe pas? Vous, ou nous?
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A part ça, l'humanité me déprime tiens...