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jeudi 14 juin 2007

Rencontre fortuite



"Théo! Oh, Théo!
- Angèle?
- Tu m'as pas entendue? Ca fait dix minutes que je te cours après!
- Heureux de voir que ton légendaire sens de l'exagération est intact.
- Tu... euh... ça va?
- Depuis la dernière fois qu'on ne s'est PAS vus, tu veux dire? Oui, j'ai survécu, comme tu vois.
- Oh... Euh... Tu nous présentes?
- Camille, ma fiancée. Angèle, une... ancienne connaissance.
- Ravie.
- Moi aussi.
- Camille, vous... vous pouvez nous laisser un moment? J'ai quelques petites choses à dire à Théo...
- Camille peut tout entendre.
- J'en doute, mon chéri. Je te laisse régler cette histoire... En attendant je vais à la librairie au coin de la rue.
- ...d'accord.

*départ de Camille*

- Tu... avais quelque chose à me dire?
- Tu es venimeux aujourd'hui. Alors comme ça, tu t'es fiancé?
- Tu te demandes pourquoi tu n'étais pas invitée?
- ...ça fait plaisir de te revoir c'est dingue...
- Désolé, au bout d'un an j'ai fini par perdre mes anciennes habitudes de gentillesse en toutes occasions...
- Je vois ça. Je suppose que tu m'en veux?
- Quelle idée. Tu me laisses tomber comme une vieille chaussette, tu me rappelles six mois après pour me dire que tu as réfléchi et que tu veux nous donner une autre chance, et quand je te rappelle pour te dire que je suis prêt à réessayer, tu ne décroches même pas ton téléphone. Et quand j'ai enfin réussi à passer à autre chose - je suis BIEN avec Camille, est-il besoin de le préciser? - tu réapparais au milieu de la rue avec un grand sourire aux lèvres, comme si on s'était quittés la veille.
- Tu voudrais que j'aie l'air terrifiée de ta réaction, que j'ose à peine t'aborder et que je me répande en excuses?
- Franchement ça serait pas mal, au moins les excuses.
- Ok, ok. Je suis désolée de t'avoir fait ça, c'est ma faute, pardon.
- Ouais... Tu n'as toujours pas appris à demander pardon sincèrement. Il faut toujours que tu donnes l'impression que celui à qui tu t'excuses est un parfait crétin à qui il faut adresser des excuses bidon pour le calmer... A moins que tu ne fasses ça qu'avec moi?
- Tu es d'une humeur charmante dis-moi...
- Mets-toi à ma place.
- Sans façons. Ecoute, je sais que ça ne vaut rien pour toi, mais je suis vraiment désolée, d'accord? Je n'ai pas osé te répondre il y a six mois, parce que j'ai... rencontré quelqu'un.
- ...
- Je sais ce que tu vas dire: "ça montre à quel point tu avais envie de reprendre avec moi, deux jours sans nouvelle et tu sautes sur le premier qui passe, blablabla..."
- Je n'avais pas encore commencé à envisager les choses comme ça, mais ça aurait pu venir, oui...
- J'avais peur de ta réaction, de te faire encore souffrir alors que je t'avais rendu espoir...
- Si seulement tu étais moins égoïste...
- Moi, égoïste? J'ai pensé à toi, je t'ai offert le moindre mal! Je voulais te protéger!
- Mon cul! Si tu étais vraiment préoccupée par moi, tu aurais refusé cette histoire pour nous offrir une nouvelle chance! Tu m'aurais offert le bonheur, au lieu de choisir pour moi entre la peste et le choléra! Tu voulais quoi, que je te remercie de m'avoir laissé tomber au dernier moment après m'avoir fait espérer? Tu ne penses qu'à toi, à ton petit bonheur égoïste et autocentré! Si tu avais vraiment pensé à moi, tu aurais attendu que je te rappelle! Mais non, tu as d'abord pensé à ta pomme, à ton histoire avec ce gars, et ENSUITE tu as pensé à moi et tu as réfléchi à comment limiter la casse! Arrête avec ta soi-disant bonté, tu es aussi altruiste qu'Hitler!
- C'est dégueulasse de dire ça!
- J'assume. Et arrête de pleurer, tu n'as même pas idée des larmes que MOI j'ai versées pendant que tu batifolais avec ta nouvelle conquête, sans même penser à me dire ce qu'il en était de moi! J'espère qu'il t'a rendu heureuse, je suis sûr que ça va me consoler!
- Je ne suis plus avec lui.
- Ah ouais? Depuis quand? Hier? C'est pour ça que tu es venue me trouver? Le gentil Théo, toujours disponible pour toi, qu'importe les orages et les tempêtes? Allons-y, tiens, retournons voir Théo le bouche-trou, il me reprendra sûrement maintenant que je n'ai plus personne en vue!
- Ca fait trois mois que je ne suis plus avec lui! Et c'est par hasard que je t'ai retrouvé! Je suis peut-être égoïste, mais je ne suis pas aussi ignoble que tu as l'air de le penser! Je voulais juste... savoir comment tu allais.
- Ca va. Ca fait quatre mois que je suis avec Camille. Elle est patiente, à mon écoute, drôle, belle, passionnée, elle a une libido trois fois supérieure à la tienne, et elle a autant besoin de moi que moi d'elle.
- Mon double opposé, quoi.
- C'est toi qui l'as dit.
- Tu n'as jamais supporté mon indépendance hein?
- Je n'ai jamais supporté que tu me tiennes à l'écart de ta vie, et que tu viennes me trouver quand TU en avais envie seulement. Je ne suis pas un porte-avion duquel tu peux t'envoler et où tu peux atterrir à volonté.
- Daniel Pennac.
- Tu te souviens de nos classiques.
- Je sais, je n'étais pas tout à fait ce que tu attendais de moi.
- Pas tout à fait non.
- Je suis désolée. Je voulais juste que tu saches que... quand je t'ai appelé la dernière fois, j'étais sincère... J'avais vraiment envie de réessayer. Je n'aurais pas du me laisser approcher par ce mec, c'est toi qui as raison. J'aurais du t'attendre.
- Ce n'est pas grave. C'est en sortant me bourrer la gueule pour oublier que j'ai rencontré Camille. Je te dois mon bonheur, finalement.
- Une dernière pique pour la route?
- Désolé.
- Je suppose que je l'ai méritée. Si jamais on se revoit... j'espère qu'on sera tous les deux libres.
- Tu ne renonces jamais?
- Aucune idée. Je crois que je me rends compte seulement maintenant de ce que j'ai perdu.
- Un peu tard.
- Je sais. Sois heureux.
- Toi aussi.
- Bye."

*départ d'Angèle, Théo retrouve Camille à la librairie*

- Alors, raconte-moi? Qui c'était cette Angèle?
- Le Fantôme des Noëls Passés.
- Charles Dickens.
- Tu connais nos classiques."

Ogres, mélancolie et araignées

"Il y a deux sortes de gens: ceux qui disent des conneries, et ceux qui les écoutent. Toi, tu m'écoutes."
Platon

"Je cherche un homme... "
Diogène, au milieu d'une séance photo des Dieux du Stade.

Eh oui, ce soir deux citations pour le prix d'une. Elle est pas belle la vie?

Je viens d'aller voir Shrek 3, avec ma frangine (désolé Poulette j'ai pas pu résister... Je te promets que je te réserve le 4). J'avais eu pas mal de critiques négatives, qui disaient que c'était bof bof, la magie commençait à s'épuiser...

C'est peut-être vrai, mais il reste quelques tonneaux en réserve.

Le film tarde un peu à démarrer, le début ne m'a pas trop fait rire, mais la suite retrouve le rythme des précédents opus. On trouve un peu moins de références (dont quelques unes en français à Dubosc et Brice de Nice, beuh), mais l'histoire est très drôle, les gags fendards (même si on observe un retour à une tendance un poil plus scato, comme au premier), les personnages à pleurer de rire, et le brushing de Charmant toujours aussi parfait.

J'ai eu la bêtise de regarder la bande-annonce: ne le faites pas, ça gâche plein de parties drôles du film! Bref, une suite toujours excellente, qui commence un peu à s'essouffler de temps en temps mais qui se rattrape vraiment bien aussitôt, ce qui fait vite oublier les quelques "passages à vide". A voir absolument.

Dans ce troisième volet, on a l'intégration de la mythologie de la Table Ronde. Les références à Arthur, Guenièvre et Lancelot m'ont fait hurler de rire... Et j'avoue que j'aurais aimé avoir T. à côté de moi pour bavarder de notre grand débat sur le fait que Lancelot soit le pire enfoiré que la terre ait porté ou non.

Ca m'a rendu mélancolique à la sortie. Le deuxième, j'étais allé le voir avec elle. Bon, ce n'était pas une référence, l'été 2004 n'était pas la partie la plus reluisante de notre chaotique relation. Mais même. J'aurais aimé qu'elle soit là. J'aurais aimé qu'elle soit encore dans ma vie.

J'ai l'impression de parler d'elle comme une morte. C'est peut-être ça la clé. Chérir son souvenir et y penser comme une disparue...

...j'ai du mal.

Ma soeur m'a posé une question rhétorique à propos du blaireau de connard de la putain de sa race maudite d'enculé de sa mère avec qui elle "ressort", malgré l'avis négatif d'à peu près 99,8% de son entourage (les 0,2% restants sont le naze en question et ma cousine qui lui dit de faire ce qu'elle veut)(d'ailleurs Z. va falloir qu'on cause...) : "ça fait trois ans que c'est comme ça, que veux-tu que j'y fasse?" Ce à quoi j'ai répondu au tac au tac: "et c'est à moi que tu poses la question?"

Je me suis fendu sur le trajet du retour d'un couplet sur la bêtise absolue de se baser sur ses espoirs. J'ai espéré pendant trois ans après les hauts et les bas d'une histoire aléatoire (tiens ça ferait de bonnes paroles de chanson ça). Résultat: une expérience de l'amour qui frôle le néant, des années à ne penser qu'à elle et au fameux "et si...?", et même pas de souvenirs à chérir puisque, de son propre aveu, elle ne sait pas vraiment si elle était vraiment amoureuse. Bilan incontestablement négatif non? Oui, on a eu de bons moments, d'excellents même, mais au final ça compense vraiment ce que j'ai perdu et les baffes que je me suis prises? J'en doute.

La faute à qui? A moi, sans aucun doute. Moi le rêveur, l'empathe et l'accro à l'espoir.

Moi l'anti-mystère, comme me l'a rappelé V., le pauvre crétin qui se rapproche trop des filles pour devenir autre chose que leur ami le plus proche, celui qui se dévoile trop tôt et ne sait pas séduire.

Ca laisse un goût amer tout ça. Et c'est ce que j'ai essayé d'expliquer à ma frangine. Mais en même temps, je n'étais pas vraiment sur d'y croire vraiment. Parce que (patapé ma puce), de l'espoir il m'en reste quelques fragments pris dans les coutures de mes manches, quelques poussières sous mes bottes et quelques fils dans les cheveux. Je sais, c'est con. Mais j'espère finir par lui manquer comme elle me manque. Et j'assume.

Et puis, tout à mes réflexions, je suis arrivé à l'entrée de mon village. Et comme d'hab mon coeur a raté un battement, quand j'ai vu le panneau rond et bleu avec la flèche blanche dedans, qui indique où il faut tourner. Une peur irraisonnée, bête. J'ai vu dans un rêve qu'un jour je mourrai ici, sous ce panneau, avec la flèche pointant vers mon cadavre. Il y a déjà eu des accidents à cet endroit, et il y a souvent des fleurs accrochées au panneau, en souvenir des victimes.

D'habitude, je n'accorde aucune importance aux rêves. Mais maintenant je ne peux plus arriver dans mon village sans avoir une fraction de seconde la peur que le jour de ma mort au pied de ce panneau soit aujourd'hui. C'est complètement débile, mais pas moyen de me débarrasser de cette peur idiote.

J'ai repensé à mes autres peurs irraisonnées. Les ascenseurs, pourtant maintes fois vérifiés, dans lesquels on ne craint rien... Et pourtant je déteste être dans une de ces cages d'acier opaques et étouffantes. Ou alors la statue de Cézanne, à Aix. J'ai toujours l'impression qu'il se met à bouger dans mon dos et se prépare à me sauter dessus avec sa canne. Je déteste cette statue. Sans doute que je me suis inventé cette haine pour une obscure raison, mais je déteste passer devant.

Voilà le monstre. Atroce non? ...bon ok.

Avec tout ça, je me suis dit que je ferais mieux de ne pas trop me moquer de l'arachnophobie, parce que je dois faire pire dans le genre peur irraisonnée...

A part ça, ma vengeuse masquée m'a répondu, sur mon second billet à propos de l'affaire Lemarchal.