"Promis, si le gouvernement se met en grève, on ne demandera pas de service minimum... De toutes façons ils y sont déjà."
Jack Lang
Ca fait longtemps que je n'ai pas poussé de gueulante. Alors ce soir, ça tombe. Le sujet: le service minimum.
Pour ou contre? Résolument contre.
Techniquement, le droit de grève, c'est quoi? Arrêter de travailler, cesser la production, ne plus offrir de services aux consommateurs de manière à interpeller le gouvernement ou le patronnat et leur demander de changer certaines choses. Droit inaliénable acquis au cours de durs combats jadis, au temps des drapeaux rouges, des barbecues derrière les barricades et des pavés sur les CRS (le bon temps quoi).
Techniquement, le service minimum, c'est quoi? Obliger les gens qui font grève à fournir quand même des services, de manière à ce que les gens qui dépendent de ces services n'aient pas à changer leur rassurante routine quotidienne.
Par exemple, si les salaires des chauffeurs de bus ne sont pas augmentés par rapport à l'augmentation constante des prix, leur pouvoir d'achat est diminué. Si malgré leurs revendications, les entreprises et/ou le ministère des transports ne cède(nt) pas, ils se mettent en grève et arrêtent de mener les gens d'un bout à l'autre des villes.
Mais les gens ne sont pas contents, parce qu'ils ne peuvent plus prendre le bus. Au lieu de se demander pourquoi les chauffeurs ne les laissent plus monter, ils se contentent de râler après ces "foutus grévistes", et se disent que, quand même, le service minimum c'est bien pratique.
Pratique, oui. Mais dangereux. En mettant en place le service minimum, les chauffeurs de bus assurent quand même les liaisons. Donc qu'est-ce que ça peut leur foutre, aux patrons et au gouvernement, qu'ils soient en grève? Tant mieux, qu'ils fassent grève, on les force quand même à faire leur travail et en plus, sans les payer. Elle est pas belle la vie? Résultat le blaireau moyen est content, il peut prendre son foutu bus et laisser les chauffeurs dans leur merde, après tout c'est pas son problème, lui il a déjà à penser à régler la facture du gaz.
Le principe de la grève, c'est de ne pas produire, de bloquer une activité pour forcer les instances dirigeantes à comprendre ce qui va mal. Si on force à travailler, quel est l'intérêt du droit de grève? Au lieu de penser à son petit nombril, le blaireau moyen ferait mieux de penser à ceux qui font grève. En général, ils ont une raison, et s'ils font chier le monde, ce n'est pas pour le plaisir, c'est pour qu'on en parle et qu'on les entende. Le but d'une grève (ce que tout le monde semble avoir oublié), c'est que les gens qui en souffrent se disent "foutu gouvernement, il peut pas faire quelque chose pour débloquer la situation?", tout en étant solidaire avec les grévistes qui font ce qu'ils croient être bon pour eux.
Maintenant, c'est "ah non fait chier, MOI j'ai besoin de mon train, MOI je dois le prendre, MOI j'ai pas que ça à foutre de penser aux autres, MOI je veux un service minimum pour prendre le train même quand y'a grève". Moi, moi, moi. Société d'égoïstes de base. Sarko a promis d'abattre les souvenirs de mai 1968? Qu'il se rassure, on n'a déjà plus trop besoin de son aide... On est déjà devenus très cons avant qu'il arrive.
LE sujet obligatoire, le CPE. Je me souviens avoir râlé contre les occupations des facs, parce qu'elles n'avaient, souvent, rien de démocratique (merci l'UNEF, c'est pas comme ça que ça changera l'implication politique des étudiants...). Mais sur le principe, empêcher les facs de tourner jusqu'à ce que le gouvernement craque, j'étais d'accord. J'ai fait des manifs, j'ai participé aux AG, et j'ai voté pour le bloquage partiel de la fac. Oui, partiel = service minimum. Parce que, que les étudiants aient la possibilité d'aller à la BU ou de nourrir les bestioles dans les labos, ça ne fait pas vraiment mieux tourner la fac. La grève, c'est bloquer une activité du pays jusqu'à ce que des mesures soient prises.
Le seul sujet sur lequel je veux bien négocier, c'est le service minimum dans les hôpitaux, parce qu'ils ont en main des vies humaines et il paraît que c'est important. Là, ok, admettons. Il faut bien que les CRS qui se prennent des pavés aillent se faire soigner quelque part.
De nos jours, le blaireau moyen veut que les bus tournent même quand y'a grève, que les écoles, collèges et lycées puissent accueillir ses gosses même quand y'a grève, que les facs soient ouvertes avec des cours, des TD et tout même quand y'a grève, que les manifs n'empêchent pas de circuler et ne fassent pas trop de bruit (y'en a qui bossent) et qu'on évite de le déranger pendant la pause repas pour lire des tracts. Bref, la grève, il n'est pas contre, à condition de ne pas la voir.
Moi ça m'énerve. On démolit le droit de grève, et en plus les gens sont d'accord. Comme ça ils pourront prendre le bus et aller à la fac, on s'en fout si les autres se font enc****. Génial. La France, pays des droits de l'homme? La France, tête d'affiche de la solidarité? La France, liberté, égalité, fraternité?
Je me marre.
A part ça, les smileys ça marche pas là-dedans...
Jack Lang
Ca fait longtemps que je n'ai pas poussé de gueulante. Alors ce soir, ça tombe. Le sujet: le service minimum.
Pour ou contre? Résolument contre.
Techniquement, le droit de grève, c'est quoi? Arrêter de travailler, cesser la production, ne plus offrir de services aux consommateurs de manière à interpeller le gouvernement ou le patronnat et leur demander de changer certaines choses. Droit inaliénable acquis au cours de durs combats jadis, au temps des drapeaux rouges, des barbecues derrière les barricades et des pavés sur les CRS (le bon temps quoi).
Techniquement, le service minimum, c'est quoi? Obliger les gens qui font grève à fournir quand même des services, de manière à ce que les gens qui dépendent de ces services n'aient pas à changer leur rassurante routine quotidienne.
Par exemple, si les salaires des chauffeurs de bus ne sont pas augmentés par rapport à l'augmentation constante des prix, leur pouvoir d'achat est diminué. Si malgré leurs revendications, les entreprises et/ou le ministère des transports ne cède(nt) pas, ils se mettent en grève et arrêtent de mener les gens d'un bout à l'autre des villes.
Mais les gens ne sont pas contents, parce qu'ils ne peuvent plus prendre le bus. Au lieu de se demander pourquoi les chauffeurs ne les laissent plus monter, ils se contentent de râler après ces "foutus grévistes", et se disent que, quand même, le service minimum c'est bien pratique.
Pratique, oui. Mais dangereux. En mettant en place le service minimum, les chauffeurs de bus assurent quand même les liaisons. Donc qu'est-ce que ça peut leur foutre, aux patrons et au gouvernement, qu'ils soient en grève? Tant mieux, qu'ils fassent grève, on les force quand même à faire leur travail et en plus, sans les payer. Elle est pas belle la vie? Résultat le blaireau moyen est content, il peut prendre son foutu bus et laisser les chauffeurs dans leur merde, après tout c'est pas son problème, lui il a déjà à penser à régler la facture du gaz.
Le principe de la grève, c'est de ne pas produire, de bloquer une activité pour forcer les instances dirigeantes à comprendre ce qui va mal. Si on force à travailler, quel est l'intérêt du droit de grève? Au lieu de penser à son petit nombril, le blaireau moyen ferait mieux de penser à ceux qui font grève. En général, ils ont une raison, et s'ils font chier le monde, ce n'est pas pour le plaisir, c'est pour qu'on en parle et qu'on les entende. Le but d'une grève (ce que tout le monde semble avoir oublié), c'est que les gens qui en souffrent se disent "foutu gouvernement, il peut pas faire quelque chose pour débloquer la situation?", tout en étant solidaire avec les grévistes qui font ce qu'ils croient être bon pour eux.
Maintenant, c'est "ah non fait chier, MOI j'ai besoin de mon train, MOI je dois le prendre, MOI j'ai pas que ça à foutre de penser aux autres, MOI je veux un service minimum pour prendre le train même quand y'a grève". Moi, moi, moi. Société d'égoïstes de base. Sarko a promis d'abattre les souvenirs de mai 1968? Qu'il se rassure, on n'a déjà plus trop besoin de son aide... On est déjà devenus très cons avant qu'il arrive.
LE sujet obligatoire, le CPE. Je me souviens avoir râlé contre les occupations des facs, parce qu'elles n'avaient, souvent, rien de démocratique (merci l'UNEF, c'est pas comme ça que ça changera l'implication politique des étudiants...). Mais sur le principe, empêcher les facs de tourner jusqu'à ce que le gouvernement craque, j'étais d'accord. J'ai fait des manifs, j'ai participé aux AG, et j'ai voté pour le bloquage partiel de la fac. Oui, partiel = service minimum. Parce que, que les étudiants aient la possibilité d'aller à la BU ou de nourrir les bestioles dans les labos, ça ne fait pas vraiment mieux tourner la fac. La grève, c'est bloquer une activité du pays jusqu'à ce que des mesures soient prises.
Le seul sujet sur lequel je veux bien négocier, c'est le service minimum dans les hôpitaux, parce qu'ils ont en main des vies humaines et il paraît que c'est important. Là, ok, admettons. Il faut bien que les CRS qui se prennent des pavés aillent se faire soigner quelque part.
De nos jours, le blaireau moyen veut que les bus tournent même quand y'a grève, que les écoles, collèges et lycées puissent accueillir ses gosses même quand y'a grève, que les facs soient ouvertes avec des cours, des TD et tout même quand y'a grève, que les manifs n'empêchent pas de circuler et ne fassent pas trop de bruit (y'en a qui bossent) et qu'on évite de le déranger pendant la pause repas pour lire des tracts. Bref, la grève, il n'est pas contre, à condition de ne pas la voir.
Moi ça m'énerve. On démolit le droit de grève, et en plus les gens sont d'accord. Comme ça ils pourront prendre le bus et aller à la fac, on s'en fout si les autres se font enc****. Génial. La France, pays des droits de l'homme? La France, tête d'affiche de la solidarité? La France, liberté, égalité, fraternité?
Je me marre.
A part ça, les smileys ça marche pas là-dedans...