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samedi 21 avril 2007

La vie d'écologue

"Mon plus grand amour, c'est la Terre. Ma femme vient en seconde position. Elle n'avait qu'à pas laisser brûler les paupiettes."
Jules Verne

Aujourd'hui, j'ai fait une sortie dans les Vosges avec ma classe. Départ à 8h du mat, pour se retrouver deux heures plus tard dans un semblant de montagne verdoyante, pleine de fleurs, de bébêtes et de cours d'eau. Le pied intégral pour nous autres, étudiants en écologie. On avait bien besoin de se relaxer un peu, avec tout le taf qu'on a... Alors le prétexte d'une sortie pour nous montrer un habitat déterioré par les pluies acides, on a bien apprécié.

Le programme était peinard... Début de la marche à 10h30, arrêt toutes les cinq minutes pour observer tel ou tel truc, pause repas-sieste de deux heures, une heure trente de marche et retour dans le bus. Tranquille.

Mais en y réfléchissant, cette balade n'avait rien à voir avec les balades des gens normaux. Parce que les écologues ne sont pas des gens normaux. Les gens normaux apprécient le bon air, admirent les paysages, reniflent les fleurs et essaie d'aller le plus loin possible avant de retourner à la voiture. Nous, dans la nature, on soulève des troncs pour trouver des vers, on fouille les écorces pour dénicher des scarabées, on soulève les pierres à la recherche de grenouilles ou de salamandres, on scrute les ruisseaux pour trouver des amas gluants d'oeufs de batraciens, on traque les orvets et les couleuvres, on cherche les noms des fleurs dans des gros bouquins, on passe des plombes à observer le vol des oiseaux, et on s'extasie sur un spécimen rare de lézard aplati sur la route par une voiture.

Plus le temps passe, et plus je me dis que ce que je considère comme normal dans ma vie n'est en fait plus très normal depuis un petit bout de temps.

A part ça, j'ai fini mon deuxième livre de Terry Pratchett.

Sauvons les baleines

"L'océan c'est pas une poubelle! Est-ce que je viens chier dans vos baignoires moi??"
Ariel, la petite sirène

Pourquoi sauver les baleines? Parce que c'est joli? Parce que c'est le plus gros animal du monde, loin devant l'éléphant (qu'il faut d'ailleurs aussi sauver)? Pourquoi cet engouement pour les gros? Pour que nos obèses se sentent moins seuls?

Certes, mais pas seulement.

Les baleines sont des animaux planctonivores, elles mangent donc, je vous le donne en mille, du plancton. En particulier du krill, une vilaine petite crevette qui serait l'un des animaux les plus représentés sur la planète, et qui se déplace en essaims de millions d'individus. Quand on sait qu'une crevette pèse quelques dizaines de milligrammes et qu'actuellement nos océans en comptent 650 millions de tonnes, on a vite une idée de l'ampleur du truc.

Les baleines sont les principaux prédateurs du krill, chaque individus en consomme 900 kilos par jour. Avec la pêche à la baleine intensive ce dernier siècle, le krill a fait exploser sa démographie, et 150 millions de tonnes supplémentaires de krill sont apparus en Arctique. Là, plusieurs espèces ont profité du rab de nourriture pour se multiplier et consomment le krill. Le problème, c'est que les baleines migrent une fois par an vers les tropiques pour se reproduire, emportant dans leur sillage pas mal de nutriments... Les autres consommateurs ne migrent pas, et les écosystèmes dépendant du krill transporté par les baleines sont mis en danger.

En outre, certaines baleines et des poissons benthiques, comme le colin ou la morue, se livrent une petite compétition pour bouffer les petits poissons, comme le hareng. La disparition de la baleine a boosté la croissance des poissons benthiques, qui ont réduit les populations de petits poissons...

Sans compter que les grandes populations de baleines permettaient aux baleines tueuses, comme les orques, de survivre. A présent, les orques ont modifié leur régime alimentaire et s'orientent vers les Pinnipèdes, des animaux comme le lion de mer. Comme ils sont plus petits que les baleines, il en faut plus pour satisfaire un orque, et certaines espèces sont ainsi mises en danger.

Tout cela est un petit exemple pour expliquer pourquoi la perte de quelques espèces peut mettre en danger beaucoup d'autres animaux, végétaux et milieux. Et parce que j'aime les baleines aussi.

A part ça, aujourd'hui je vais dans les Vosges.