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lundi 15 octobre 2007

You can hear it in the music...

"Mais arrête de déprimer!
- Mais arrête de respirer!
- Je peux pas!
- Moi non plus!"
Inconnu

Il y a des jours où la bonne humeur est à fond de cale, aux fers, au pain sec et à l'eau. Des jours où on a envie de se noyer sous sa douche, de pomper toute la flotte disponible du monde pour que l'humanité crève le plus vite possible. Et puis non, quand même, on est écolo, alors on ferme les vannes.

Des jours où la mention de choses qu'on n'aime pas rend presque violent, une envie atroce de coller son poing dans la figure d'un archétype, une envie de détruire plus ou moins symboliquement l'une des multiples choses qu'on juge lamentables dans le monde. La religion, le capitalisme, la science au service des loisirs ou de l'économie, les secrétaires de fac, l'intellectualisme, les animateurs de radio, le déterrage des blaireaux, la chasse aux baleines, l'armée, les frontières entre les pays, les supporters, la télé, Karine Ferri...

Tout à l'heure, on m'a parlé de psys. En plaisantant. J'ai tremblé de rage en pensant à ce que je ferais au moindre psychanalyste tentant de me cerner ou de trouver des indices dans mon comportement, des éléments "typiquement masculins" ou autres, j'ai pensé à la volée que je lui mettrais, moi qui suis taillé comme un cure-pipe et qui suis si adepte de la non-violence qu'à côté de moi Gandhi passerait pour Conan le Barbare à qui on aurait pincé les fesses.

Il y a des jours où le ciel gris, l'ennui et la déprime poussent au bilan. Un bilan de vingt-et-un ans, dans un cocon de soie, dans un pays civilisé et techniquement avancé où il n'y a pas de guerre, pas de dictature, pas de famine, ou alors on les cache, un bilan de mec "normal" qui a vécu le divorce de ses parents comme l'un des pires événements de sa vie quand d'autres galèrent avec des histoires de viols, d'adultères ou de violences familiales. Un bilan devant lequel il est facile de se dire "pauvre con gâté par la vie, tu ne connais pas ton bonheur", un bilan touchant de naïveté et de bêtise arrogante quand des gosses sautent sur des mines et que des hommes d'affaires décident du sort des baleines. A côté de ça, le pire que j'ai pu vivre n'est qu'une amusante facétie.

Mais à mon échelle, ça me plombe. Ca me plombe d'avoir eu pour "modèle paternel" un père qui a trompé sa femme aux pires moments, qui l'a laissée tomber comme un voleur et qui veut constituer une image de père cool et attentif alors qu'il ne s'intéresse à moi que depuis qu'il ne vit plus avec nous. Et encore, en ce moment je n'ai pas de nouvelle depuis plus d'un mois. Ca me plombe d'avoir peur de devenir comme mon père.

Ca me plombe d'être un amoureux romantique et décidé, qui considère avoir trouvé la femme de sa vie et qui veut tout faire pour la rendre heureuse, sans pour autant y arriver. La bonne volonté peut donner les meilleurs résultats comme les pires des catastrophes, et manque de bol tout ce que je fais ne donne jamais rien de bon.

Je pourrais continuer, dire que le monde me dégoûte, que la vie étudiante m'emmerde, je pourrais cracher sur ma vie et me dire qu'elle est pourrie, mais ce ne serait pas vrai. Je garde espoir de changer le monde, ou à défaut d'essayer. J'ai une famille aimante, des amis géniaux, et puis la vie est pleine d'opportunités. Je vais faire de la plongée. Je me suis (un peu) remis à écrire. Je sais dessiner, raconter des histoires, jouer deux ou trois morceaux sur un violon. Je suis amoureux de la nature et j'ai assez d'humour pour que les gens aient envie de passer des soirées avec moi. Tout ne va pas mal dans ma vie, globalement ça va même plutôt bien. Mais j'ai deux problèmes, et au lieu d'en parler à un putain de connard de psy, à un sinistre charlatan trop stupide pour comprendre qu'on ne peut pas aider quelqu'un qu'on ne connaît pas, j'en parle ici, sur un blog, où de parfaits inconnus peuvent me lire, mais aussi des gens que je connais. Et alors? J'ai des tendances exhibitonnistes couplées à une timidité d'huître. Le blog, ça permet d'être lu sans le demander.

J'ai peur de devenir père et de ressembler au mien. J'ai peur d'être seul, et j'ai peur d'être dans une relation que je serais incapable de maîtriser. J'ai peur de ne pas savoir rendre quelqu'un heureux, ce que toutes mes relations n'ont fait que démontrer. J'ai peur de ne jamais apprendre.

Et ça, ça me plombe. Ca et tous les "ça viendra", "je suis sur que tu ferais un bon père" et toutes ces petites phrases soi-disant rassurantes lâchées par les proches mais sans développer plus avant. Une certitude. Pas d'argument. "Je te connais, je le sais, tu peux faire un bon père/un bon amoureux." Mais moi j'ai reçu une formation scientifique, et je me dis que recevoir ce genre de certitudes sans argument de la part de gens qui m'aiment bien, ce n'est qu'une preuve d'affection. Pas une véritable preuve. Et c'est de ça que j'ai besoin: que quelqu'un me démontre de manière logique, mathématique, construite, raisonnée, que je vaux quelque chose de ces points de vue.

Impossible, me direz-vous. Et vous aurez raison.

Il ne me reste donc plus qu'à espérer que ce blues se dissipe rapidement et passe en arrière-plan derrière d'autres préoccupations plus importantes, comme par exemple comment draguer la jolie blonde dont je me suis entiché.

A part ça, j'ai fini la première saison de Californication. J'ai l'impression que les personnages sont tous une partie de moi qui ont réussi à s'échapper de mon corps. En particulier le héros. C'est flippant.