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dimanche 9 septembre 2007

Moune à Fort Fort Lointain

"Baaaaah c'est noir!!"
Moi devant les patates-bonshommes de la Poulette

Alors... Par où commencer?

Je préviens tout de suite, ce billet va être long. Très long. J'ai tout plein de choses à dire pour vous mettre au niveau, afin que vous puissiez vous imprégner de la sagesse qui émane de chaque seconde de mon existence que je vous dévoile sans pudeur et par pur altruisme. Ne me remerciez pas c'est tout naturel.

Reprenons du début. Lors du dernier épisode, Brad et Stella décidèrent de ne pas dire à Josh qu'ils avaient batifolé gaiement sur le capot de sa Bentley... Hum. Zap.

Au dernier épisode, notre héros, qui est beau, fort, vaillant et doté d'un intellect d'au moins plusieurs fois supérieur à celui d'une palourde (la légende ne dit pas combien de fois exactement), quittait la communauté écolo-babacool qui lui avait servi de foyer et de base d'observation pour l'étude des tortues d'Hermann les cinq dernières semaines (et aussi de base de test de mes capacités culinaires), je suis retourné chez moi pour empaqueter mes petites affaires, encartonner tout ce qui ne bougeait pas (les chats n'apprécient que moyennement l'encartonnage, qu'on se le dise), et partir le lendemain sur la route, tada, tadadada, vers notre capitale (qui n'est pas Marseille, non non). Là, après neuf heures de bouchons, de râlages contre cette p***** de clim non-écolo et rhumagène (qui provoque des rhumes, donc)(non je viens de l'inventer ce mot, cherchez pas) et de pauses assaisonnées d'amandines à la poire et de coca zéro (qui a exactement le même goût que l'autre, mais sans l'arrière goût "boîte de sucre mouillée" que la recette originale laisse à la fin), nous voici, moi, ma mère et mon beau-père, chez ma tante et mon oncle. Comme on peut le supposer, j'étais super stressé et je savais qu'il allait falloir se lever très tôt pour partir en quête d'un appart sur Lille le lendemain matin, donc mon humeur s'en est un peu ressentie et j'ai assez mal pris les réflexions pessimistes du genre "vous ne trouverez jamais en une journée". Mais j'ai quand même revu la cousine Bulle et j'ai enfin goûté le zizi coincoin, alcool belge au citron fort intéressant.

Le lendemain, debout à quatre heures du mat, direction le Ch'Nord et Lille. Arrivée aux aurores chez des amis de mes parents, chez qui on a abandonné la remorque emplie de cartons, de meubles et, plus important encore, de mon affiche de Kirsten Dunst, puis départ à Lille avec le GPS de ces potes (qui est soi-disant un appareil de macho parce que la voix est forcément féminine)(ce à quoi je réponds qu'au contraire les femmes devraient se sentir flattées qu'on colle une voix féminine à ce qui indique la bonne route)(ce à quoi on me rétorque que ça sous-entend quand même que c'est le mec qui conduit)(ce à quoi je ne trouve rien à redire). Arrivée afin de décharger quelques affaires chez la Poulette. Là, grand moment: le miracle de la Porte Magique. Qui est une porte d'une fourberie absolue, ensorcelée par un grand magicien des temps anciens, et qui a la propriété de disparaître pile quand on la cherche. Ce qui fait qu'on passe devant trois fois sans même la remarquer. Bon, maintenant je me suis immunisé à cette sorcellerie, mais quand même!

La Poulette ensommeillée (qui avait fait la fête la veille) nous accueille, même pas en petite culotte (private joke, désolé les gens), et on débarrasse le coffre avant de la laisser retourner dormir. Direction le centre ville et les petites annonces des journaux. Le GPS est fort utile pour se repérer dans cette cité inconnue. La première petite annonce me laisse glacé à l'idée que tous les autres apparts soient du même accabit: nous sommes accueillis par Quasimodo, qui nous montre les deux toilettes au rez-de-chaussée, puis nous fait monter d'étroites marches (ça c'est un truc typiquement lillois, les marches des immeubles sont TOUJOURS super étroites) pour arriver à la chambre en question: on entre par la salle de bain (!) qui sert aussi de cuisine (!!), puis on arrive à une chambre qui sent le renfermé. Merci, on vous dira ça, au revoir. Brrr.

Le temps passe, on finit par contacter une agence, on emprunte des clés, on visite des apparts, et on en trouve un. Qui était à deux immeubles d'un que l'agence nous a donnés à visiter: hop, pas de frais d'agence.

Donc voici le moment tant attendu de la description de mon appart. Si si, ne niez pas, vous l'attendiez avec une impatience à peine dissimulée.

Au deuxième étage (en vrai au troisième, y'a juste pas de palier au niveau du premier étage), en haut d'escaliers évidemment trop étroits, il y a quatre apparts: le mien c'est le premier près de l'extincteur. Dedans, c'est tout petit, environ un tiers de mon appart de Metz. L'évier pour la vaisselle est commun, dans une cuisine extérieure. Le reste, frigo, plaques de cuisson, four et micro-ondes, c'est dans mon appart, qui est organisé comme une étrange alternance d'éléments d'électroménager et de chambre. J'ai évidemment tapissé les murs de mes dessins et de mes citations, comme à Metz. Niveau meuble, ça ne vole pas haut: frigo, lit, bureau, armoire. Mais le truc qui déchire sa race aux pingons, c'est la salle de bain. Toute petite aussi, évidemment, mais en vrai, le vrai truc qui déchire, c'est la douche. Sept positions. Si. Avec des jets qui sortent du mur, une douche en haut, et un pommeau. Trop la classe.

Bon, ensuite, la vie quotidienne à Lille. Elle se trouve inextricablement reliée à une seule personne, vous l'aurez deviné, c'est la Poulette. S., qui est venue me voir pendant la Braderie (j'en parlerai plus tard) nous trouve un air de vieux couple. Ce qui n'est pas totalement faux. Tout à l'heure, j'ai inconsciemment rentré la tête dans les épaules quand elle a dit qu'elle voulait qu'on aille boire un verre un de ces quatre, comme si j'encaissais le reproche typique d'un couple qui commence à prendre la poussière, "j'en ai marre on bouge jamais!" Bon quand je m'en suis rendu compte ça nous a bien fait marrer. Mais c'est quand même vrai qu'on a pas mal de caractéristiques du vieux couple. On passe notre temps l'un chez l'autre, on ne se sent pas mal à l'aise quand on n'a rien à dire, on regarde des films ensemble, on fait la cuisine et la vaisselle ensemble, on peut faire chacun un truc de son côté sans que l'autre soit sur notre dos, elle a sa brosse à dents chez moi (et elle menace d'y laisser aussi une nuisette et des soutifs rien que pour faire faire une crise à toute éventuelle conquête que je pourrais ramener, cette fourbe!), on fait nos courses ensemble, on parle de tout, on bavarde de tout... Bref, c'est un peu tous les avantages du couple (sauf ceux physiques, bien sûr) sans les inconvénients, comme les disputes et engueulades. C'est reposant et très agréable, et j'en profite évidemment à fond.

Reprenons le cours du récit. Donc, après plusieurs jours à partager mon temps entre la Poulette et... la Poulette, au cours desquels je fais quand même de mémorables courses à l'Ikéa local, où j'achète deux porte-manteaux (toujours pas fixés au mur), un plateau-table (la Poulette achète le même) et deux-trois autres trucs, arrive l'événement majeur du début d'année à Lille: la Grande Braderie. Qui est une brocante gigantesque dans toutes les rues de la ville ou presque. L'ambiance est sympa, détendue, bien que les rues soient surchargées de monde, et j'y déambule d'abord avec S., avec qui je bois quelques verres d'hydromel au stand des Bretons du Nord (je vais d'ailleurs certainement adhérer à cette assoc', en tant que violoniste apprenti ou danseur apprenti) après les traditionnelles moules-frites (c'est elle qui les mange, parce que les trucs qui sortent de la mer... yeurk). On retrouve la Poulette, le regard vague et douloureux à force de rester de bout à vanter la qualité des chaussures et qui nous voit arriver comme des sauveurs. Puis je laisse S. à ses connaissances, et je m'en vais retrouver la smala familiale qui est venue tout exprès squatter la maison de ma cousine M., actuellement en Thaïlande (quelle idée de rater la Braderie avec une excuse aussi futile qu'un voyage de trois semaines en Thaïlande!)

Après le repas, direction les folles soirées lilloises, où j'entraîne ma soeur, la cousine Bulle et mon cousin A.. Pendant la braderie, la vente d'alcool après trois heures de l'après-midi est interdite, ce qui compte tenu des abus est une sage décision, mais du point de vue des andouilles qui avons cru à une fausse rumeur que nous sommes, est une bêtise sans nom. Heureusement, les épiceries arabes vendent malgré l'interdiction, donc vive la bière, la vodka et le jus d'orange! Assis sur les marches de l'opéra, on joue au cap's (je ne savais pas ce que c'était... que c'est con comme jeu, mes amis!), on beugle des chansons de marins ("à moi forban que m'importe la gloire, les lois du monde et qu'importe la mort!"), de pochtrons ("torche la gueule à ta voisine, car elle aimeuh car elle aimeuh, torche la gueule à ta voisine, car elle aimeuh la bibine!") ou plus résolument paillardes ("lariretteuh larire-e-teuh"), puis on décolle, on bouge, bref, on s'ennivre et on le montre bien. On passe une bonne heure à danser au son d'un orchestre de cuivres habillés en rose qui squatte les marches de l'opéra, puis on s'éloigne. Je découvre au passage que quand je suis bourré, j'ai une tendance presque maladive à me sentir responsable du groupe, genre mâle protecteur qui empêche les autres de trop s'éloigner. Je m'occupe des gens qui ont des coups de sang et s'éloignent sans raison, de ceux qui sont trop bourrés (comme mon cousin A. qui nous fait un demi-coma éthylique), bref, je m'occupe, je stresse, je cours, je vole, la routine. A la fin, à quatre heures, l'expédition consiste à conduire mon cousin A., décidément en mauvais état, jusqu'à chez ma cousine, en le portant à moitié sur mes épaules avec l'aide de ma soeur et de ma cousine. Non seulement il y met de la mauvaise volonté ("nan mais laissez-moi iciiii j'en peux pluuuus!" "non A. bordel on est dans le métro on te laisse pas ici!") mais en plus il a choisi de faire pompier, au lieu de la respectable profession de comptable. Résultat, il était lourd comme une vache morte.

Après ces événements ne témoignant que de la jeunesse décadente de notre beau pays (mais qui s'assume), ma vie s'est rythmée paisiblement, entre les journées enfermé à jouer à Morrowind (j'ai redécouvert ce jeu, et définitivement, c'est le MAL sur CD-rom)(d'ailleurs vu que le mal se répand, je l'ai aussi filé à la Poulette qui m'a confirmé mon analyse: Morrowind est un jeu qui tue la vie sociale des gens, mais les gens en question s'en foutent tant qu'ils ont une épée à deux mains daedrique dans leur inventaire), les journées découverte de Lille, les soirées atelier d'écriture avec la Poulette, les soirées SOS Fantômes ou l'Histoire sans fin (toujours avec la Poulette)(qui était fort déçue que Bastien ne rentre pas dans le livre dans le premier opus)(mais qui s'est vue rassurée en voyant le deuxième), la redécouverte de Pinocchio (où on a constaté que Gimini était un sale pervers et qu'en fait c'était super drôle comme Disney), les soirées hydromel avec la Poulette et ses potes (bon, du Melmor, ok, mais c'est déjà ça)... Enfin voilà, je m'en sors pas mal.

Vendredi était le jour de ma pré-rentrée. Qui s'est merveilleusement bien passée, la plupart des matières ont l'air passionnantes, il y a de l'océanologie dans le tas, les profs sont drôles et plutôt sympas (sauf le directeur du master qui m'a violemment fait penser à monsieur M., ancien responsable de licence à Marseille, avec qui j'ai eu une grosse altercation à propos de l'utilité de découper des souris, et que je n'appréciais donc pas plus que ça), enfin bref... Ca a l'air franchement prometteur. En plus je me suis déjà fait deux potes, deux nanas, évidemment, vu mon incapacité à me lier au premier abord avec tout ce qui comporte plus de poils que nécessaire. Avec qui on va partir six jours dans une station d'océano, dans le cadre du master. Mouahaha. Je jubile.

Seul inconvénient de la fac de Lille, outre le fait qu'elle soit immense et que je sens déjà que je vais y passer une nuit sur deux faute d'avoir sur retrouver le métro, c'est le fait que les amphis sont dépourvus de prises. Je vais donc devoir investir dans une rallonge pour pouvoir continuer de taper mes cours directement sur PC.

Une heure avant la réunion de pré-rentrée, un truc bien marrant: un monsieur de la fac de Toulouse m'appelle, avec un accent que je n'ai pas su déterminer (j'hésite entre l'accent asiatique et l'accent du sud-ouest)(peut-être les deux), pour me proposer une place dans son M2. Qui s'appelle "Statistiques et Modélisation". Ce qui fait que je me marre intérieurement, mais trop poli pour refuser tout de suite, je lui dis que j'y réfléchirai. C'est évidemment tout réfléchi, plutôt laisser un oeuf de pivert éclore dans mon foie.

Un truc moins drôle, cependant, est arrivé cinq minutes avant que j'entame la rédaction de cet article. Un mail de la fac de Metz. Qui m'annonçait que finalement, tiens, allons donc, j'étais pris en M2 là-bas. Super. Donc pour résumer: ET C'EST MAINTENANT QU'ILS ME LE DISENT CES CONNARDS DE PUTAIN DE BORDEL DE CONS DE LEUR MERE MAUDITE EN STRING DANS LE MORDOR??? Maintenant que l'appart est aménagé, la caution payée, ma vie démarrée ailleurs?? Alors que j'attends leur putain de réponse depuis des mois??

Donc là à chaud, ma réaction est de leur envoyer un mail pour les enjoindre d'aller se faire faire quelque chose que la décence m'interdit de décrire, mais par des boucs.

Plus calmement, je pense que je vais refuser le M2 et reprendre un M1 qui a nettement plus de chances de me plaire à Lille, afin d'éviter de perdre des thunes en déménagement, en galères administratives, etc, etc. Et je garde l'assurance que mon dossier de M1 peut potentiellement être accepté à Metz pour le M2, ce qui me donnera peut-être un avantage aux sélections de l'année prochaine. Enfin, il faut encore que j'y réfléchisse, mais je pense que malgré mon envie de retrouver mes potes de Metz, malgré l'envie de ne pas "perdre un an", et malgré l'inextinguible envie de retourner dans la même région que T., je vais quand même rester à Lille.

Voilà voilà...

A part ça, à Lille, il fait au moins aussi gris qu'à Metz.