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dimanche 22 juillet 2007

Bienvenue à Beauf-Land

"Le beauf, c'est un peu comme un parpaing: c'est lourd, moche, grossier et bête. Quand on empile plusieurs parpaings, on peut avoir un mur, c'est quand même utile. Quand on empile plusieurs beaufs, dans une fosse commune par exemple, c'est inutile mais ça fait quand même plaisir."
Alfred Hitchcock



Hier, je suis allé, comme annoncé, à l'anniversaire de ma tante du côté de mon père. Rien que d'y repenser j'ai envie de m'enfermer dans la salle de bain et de me pelotonner contre un mur en tremblant et en hurlant des propos incohérents. Mais comme je suis un homme viril, courageux et fort, je vais passer outre et vous raconter à quoi ça ressemble, une fête de beaufs, et vous apprendre les réflexes qui sauvent.

Mais avant tout, petite parenthèse haineuse pour maudire sur plusieurs périodes géologiques cette foutue Combe du Lourmarin, vingt bornes de virages et de route de montagne traîtresse ("Wicked, false, trixie, my preciouuussss...") , et surtout pour pester contre ces foutus connards de saloperies de leur race de la putain de leur mère en string dans les marécages du Mordor de cyclistes. Je HAIS, j'EXECRE, je DETESTE, je VOMIS, j'ABHORRE ces tortilleurs du cul en plastique fluo et casque aérodynamique qui n'ont que ça à foutre de ralentir les voitures sur des routes déjà nerveusement épuisantes. Parce que les cyclistes, en plus d'être ridicules, sont fourbes: on ne les voit JAMAIS sur les lignes droites des routes, mais par contre ils pullulent comme des lemmings dans les petits virages. Et puis comme dirait Coluche, "Oh la la, qu'est-ce qu'il faut être con pour faire ça comme sport!"

Bon, reprenons le cours du récit.

Après une arrivée légèrement verdâtre dans le graaaaaand terrain de mon oncle, chez qui se déroulait la fête, moi et ma frangine, en tant qu'êtres vaguement civilisés, allons dire bonjour aux gens déjà présents. J'apprends alors avec horreur (et un poil de fatalisme, aussi) que les seules personnes que je me réjouissais vraiment de revoir, à savoir ma cousine K., mon cousin L., ma cousine A. et ma petite cousine C., ne seront pas là. Aucun des quatre. Au lieu de ça, il a fallu composer avec les potes de ma tante, ses frères et soeurs et toute la smala.

Procédons par ordre. D'abord, le trio fatal :

- mon connard d'oncle à moustaches, qui a l'air gentil comme ça avec sa voix toute douce, mais qui est un chasseur convaincu et vote FN depuis ses 18 ans. Pour une fois je ne l'ai pas entendu râler sur ces "cons de bougnoules", c'est déjà ça. Mais fallait voir sa tête quand j'ai dit que je faisais des études d'écologie. "Faut être très ouvert dans ce domaine", m'a-t-il dit. J'ai compris qu'il ne voulait pas que je devienne un vilain écolo qui s'enchaîne aux arbres et pense que les chasseurs devraient servir de gibier. Ah ah ah... trop tard.
- sa pétasse de femme qui se veut gentille et qui, étrangement, ne m'a pas trop horripilé hier. D'habitude j'évite à tout prix d'avoir à parler avec elle.
(parenthèse: aussi étrange que ça puisse paraître, les trois enfants de mon oncle et les deux en plus qu'il a eus avec cette nana sont adorables... allez comprendre)
- ma cagole de cousine de 14 ans, qui nous a ramené son copaing et tortille du cul avec les autres pépettes décérébrées de la soirée. L'avantage d'un ramassis de cagoles, c'est qu'au moins, elle nous a foutu la paix.

A part ça, beaucoup de chasseurs, pétasses décolorées de 50 ans, gens qui parlent fort, gros rires et tout et tout, qu'on nous évidemment présentés un à un. Résultat: main droite moite et les deux joues recouvertes de plusieurs couches disparates de fond de teint premier prix. Sans compter l'éternel Boute-En-Train de la soirée, un gros lourd adipeux, barbu, qui parle fort et se croit spirituel. Il a pris pour cible ma frangine, qui profitait du seul élément valable de la soirée, à savoir le buffet (même pas d'alcool, je conduisais et elle avait déjà bu la veille). Mais à force de sourires crispés et d'esquives, on a fini par le vaincre.

Premier commandement: dans une fête de beaufs, faux-cul tu seras. Il ne faut pas trop donner l'impression d'avoir envie de mourir, ça n'apporte que des ennuis (comme les gros lourds qui veulent te faire danser pour que ça aille mieux ou les nanas qui déplorent qu'il n'y ait aucun jeune de notre âge, mes pauvres enfants, blablabla...). Non, offrez de gentils sourires, certifiez que "ça va" quand on vous dit que vous devez vous ennuyer, ne répondez pas aux questions avec plus que 5 mots, et tout ira bien, on finira par vous oublier.


Pendant l'apéro (qui a duré jusqu'à 22h30), j'ai partagé mon temps entre les sièges de pêcheurs super confortables dans un coin avec ma soeur, et dès que le mari de ma cousine est venu nous parler de "bonne musique" en associant le terme avec celui de "compil des Hits 2007", j'ai préféré fuir et m'enfermer une petite demie-heure dans l'enclos de l'âne (il y avait un âne et deux moutons, quand même). Après avoir bien profité de mon statut d'asocial, je suis retourné à la "fête". Sandwiches et concombres en sauce, au moins j'ai eu à manger.

Et évidemment, que serait une fête de beaufs sans les fameuses chansons des années 80?

Ne vous méprenez pas, j'aime bien les vieux succès des 80's, c'est rigolo. Je connais même par coeur les paroles de plusieurs d'entre eux, comme "T'as le look coco", "Femme libérée" (tu sais c'est pas si facile) ou les fameux "Démons de minuits". J'ai dansé sur ce genre de trucs, jadis, avec des potes ou la famille et une dose d'alcool conséquente dans le sang. Et j'assume. Sauf que déjà, sans boire, c'est tout de suite moins drôle. Ensuite quand y'a personne d'autres que des vieux de 45 ans qui se trémoussent sur scène en se croyant gracieux (mention spéciale à Monsieur Lego (en référence aux personnages de jeu de construction) dont on a du accrocher le mauvais haut aux jambes, qui bougeaient pas trop mal mais avec les bras le long du corps et les épaules immobiles - on aurait dit un orang-outan sous LSD), on a plus de mal à y aller. Et puis le facteur qui tue tout, c'est le DJ de fête foraine, avec son micro-qui-fait-des-échos-et-que-ça-fait-qu'on-pige-que-dalle-à-ce-qu'il-raconte, ses lumières multicolores, ses vieux fumigènes qui puent la fraise pourrie et ses liaisons entre les chansons qui laissent le temps d'aller boire un verre, le temps qu'il comprenne comment trouver la bonne chanson.

Monsieur Lego a essayé de nous recruter avec des arguments aussi frappants que "allez les jeunes, faut danser", mais comme on s'est dit avec ma frangine: y'a pas moy.

Enfin, à minuit pile (on s'était donnés cette limite), décolage, vite vite, la bise à ma cousine et son mec, les moins pires, à ma tante, à mon autre tante (que j'aime bien, parce qu'elle n'a pas la langue dans sa poche), à mon père et sa nana, et hop, voiture, rhaaaa les Cranberries ça fait du bieeeen... et deux heures de retour par autoroute, parce que la combe du Lourmarin de nuit, même si ça raccourcit le trajet, je me sentais vraiment pas.

La prochaine fois, je vous parlerai de la méthode de survie dans une fête de beaufs dite "du Survivant". A savoir c'est celui qui trouve le flingue qui gagne.

Merci à la Poulette pour avoir tenté de me remonter le moral et conseillé l'usage de l'extincteur, parce qu'en cas d'urgence, un extincteur c'est toujours utile, il paraît (mais ça fait des traces, m'a appris T., qui m'a plutôt conseillé le dictionnaire).

A part ça, j'entame tout de suite un second billet, vous endormez pas.

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